On l’appelle « l’affaire des disparues de l’Yonne » ou « l’affaire Emile Louis ». C’est l’une des plus grandes affaires judiciaires que la France ait connues. Une saga avec de multiples rebondissements à laquelle “Reportages découverte” consacre trois épisodes.
Grace à des interviews exclusives, des archives et des reconstitutions, les équipes de “Reportages découverte” ont pu reconstituer ce fait divers hors du commun et en relever de nombreuses zones d’ombres.
Le premier épisode de la série revient sur l’un des moments les plus méconnus de cette affaire : la première enquête sur Émile Louis en 1981. En travaillant sur la découverte d’un cadavre de femme en juillet 1981, un gendarme de la brigade de recherches d’Auxerre, Christian Jambert se rend compte que plusieurs jeunes filles ont disparu vers la fin des années 70. Toutes ont deux points communs : ce sont des filles de la Ddass qui fréquentent la même école pour enfants handicapés ; le dernier à les avoirs vues est un chauffeur de bus des environs d’Auxerre, Émile Louis.
L’affaire des disparues nous plonge dans l’univers des enfants de la Ddass, nombreux dans ce département où ils apportent un complément de revenu aux familles de nourrices. Émile Louis connaît le système et va profiter de ces proies faciles.
Jean Pierre et Alain Weis, frères de Jacqueline, l’une des victimes d’Émile Louis, ont été abandonnés par leurs parents et recueillis dans la famille d’Émile Louis dont la femme était nourrice. Leurs témoignages exceptionnels nous permettent de reconstituer le quotidien du tueur en série. « Il était très gentil très avenant avec ma sœur Jacqueline, raconte son frère Jean Pierre. Il l'appelait Kikine.. Il lui faisait des bisous, il la prenait dans ses bras. Pour moi ça ne prêtait pas à confusion…Je ne me suis rendu compte de rien… » Jacqueline disparaîtra en 1977 après qu’Émile Louis l’a emmenée à la gare.
Grâce à Gisèle Tekler, pensionnaire d’un foyer pour enfants de la Ddass cet épisode décortique le système de prédation d’Émile Louis. Il sait endormir la méfiance, rassurer, et faire tomber des jeunes filles fragiles, ses « chouchoutes » dans ses filets ». « Avec son bus, il représentait pour nous la sortie du foyer, le seul moment de liberté », raconte Gisèle Tekler. Pour ces jeunes femmes sans famille, Émile Louis est un peu le père de substitution. Un homme au-dessus de tout soupçon : « Il était très affable dans son costume de chauffeur de bus. », raconte Jean Marie Petitcollot, son voisin. « Il nous disait bonjour, faisait quelques courbettes. En plus, il était conseiller municipal sur la liste du maire ».
À l’époque, personne ne se soucie des filles de la Ddass. Lorsqu’elles disparaissent, il n’y a pas d’enquête. Jusqu’en 1981, avec les investigations du gendarme Jambert. Grâce au témoignage du gendarme Patrice Urbin, qui a travaillé sous les ordres de Christian Jambert, cet épisode reconstitue les dessous de cette enquête incroyable, à une époque où l’ADN n’existe pas encore.
Les gendarmes accumulent preuves et témoignages mais malgré les forts soupçons qui pèsent sur lui Émile Louis réussit à faire diversion. L’affaire des disparues de l’Yonne est officiellement enterrée par la justice en 1984. Il faudra attendre 12 ans pour qu’elle ressorte grâce à une émission de télévision.